Aconglagla, l'autre Aconcagua.

Les préparatifs

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Mais que sont devenus les Biomans ?

Nous avions envoyé un mail à Christian depuis Mendoza. Quelques jours après notre arrivée, nous recevons sa réponse :

Nous aussi, on en a vraiment bavé pendant les 3 jours de la tempête, même malgré les moyens que l'on avait (grosses doudounes, GPS, ...).
En fait, comme vous, on est descendu trop bas, beaucoup trop bas dans ce satané vallon de la mort. Sachant que vous étiez encore plus bas que nous; nous nous sommes beaucoup inquiétés pour vous.

Le lundi, pendant la tempête, nous avons abandonné la moitié de nos charges au pied d'un rocher vers 5700m. Le GPS nous indiquait 800m à parcourir pour atteindre Berlin sur la voie normale. Nous avons donc continué en traversée dans cet ébouli foireux où le vent nous faisait tomber tous les 10 mètres. Didier et Pascal étaient dépassés par les événements, complètement abrutis par l'effort, le vent et le froid. Gilles et moi avons fait la trace en nous relayant. A 400m de Berlin (donnée GPS), on est tombé sur des barres rocheuses infranchissables étant donné la visibilité d'à peine 10 m. Il était déja tard, nous avons donc fait demi-tour vers notre matériel. Mais quand il a fallu se résoudre à devoir bivouaquer, ne trouvant pas d'endroit plat où mettre une tente, nous sommes alors descendu dans l'ébouli, seule alternative pour trouver rapidement un lieu plat. N'y arrivant pas, vers 20h00, nous avons commencé à creuser une plateforme dans l'ébouli. Le sol était gelé et on peinait beaucoup. Soudain, vers 20h30, peu avant la nuit, une très brève éclaircie nous a fait entrevoir au nord un sommet en face de
nous. On s'est alors dit qu'il devait y avoir un col entre nous et ce sommet. Alors on est encore descendu, en tout de 400 m, et avons trouvé un col où le vent devait souffler au moins à 120 km/h. On a mis plus de deux heures à planter une tente, les sardines cassant comme du verre.
Finalement, on s'est réfugié à 4 en travers dans la tente et avons reussi àdormir un peu.
Le lendemain, le vent était toujours aussi fort mais la visibilité étant bonne, nous avons remonté l'ébouli en direction de nos charges abandonnées. Il nous a fallu 3 heures pour faire 400 m tellement on était épuisés par la soif et la faim (on n'avait rien dans le ventre depuis le lundi matin). Finalement, au rocher où on avait laissé le matériel, on avait 2 choix: Se diriger vers un col pour redescendre derrière sur le col Améghino ou retourner au camp 2. Finalement, pour se retrouver en terrain connu, donc en lieu sûr, on a choisi le camp 2. Croyant que nous rapportions tous tout notre matériel, j'ai charrié mes 45kg. J'ai été vite derrière, à la traine, fatigué à mourir. Arrivé 1/2 heure après les autres au camp 2, je chialais d'épuisement. Un moment après, en montant la tente avec Gilles, celle-ci s'est envolée en direction du camp 1. Gilles, fataliste ( et surtout trop fatigué) l'a regardé partir, mais voyant 3000 frs s'envoler, je suis parti en courant derrière. C'était de la folie que de vouloir la rattrapper mais sans réfléchir j'ai dévalé le versant à toute allure. Gilles a récupéré 3 arceaux sur 4, ce qui est déja pas mal. Presque arrivé au col Améghino, là, miracle, j'ai retrouvé la tente en boule vers un rocher. J'ai mis hyper longtemps pour remonter, mais j'étais trop content.
Ensuite, la tempête s'est renforcée et on a passé 40 heures sous nos tentes à espérer qu'elles ne s'arrachent pas sous ces coups de boitoir extrêmements violents. Là, j'ai su que les 3 autres n'avaient pas récupéré leurs charges abandonnées au rocher le lundi. Le jeudi matin, l'accalmie revenue, les 3 sont repartis chercher leur bien. Ils ont mis 6 heures pour faire l'aller-retour de 1.6 km au GPS. Pendant ce temps, j'ai fait de l'eau et fait sécher les affaires. Le soir même, on a définitivement déménagé vers le bas, abandonnant notre projet de traversée vers Nido, et préferant s'en sortir sain et sauf.

Dès le mercredi, on a sans cesse parlé de vous aux Guadaparques par radio pour savoir s'ils avaient de vos nouvelles. Ils ont surveillé les sorties du parc de l'Aconcagua avant de lancer une recherche par hélico dans le fameux vallon. Et finalement, on nous a averti de votre sortie à Horcones.
Ouf !!!!!! On s'est bien fait peur ...

Bilan: Didier a eu 8 doigts gelés. Ce n'était pas des gelures profondes mais le médecin de Plaza Argentina l'a fait descendre en hélico. On s'est tous retrouvé à Camp Base Penitentes le 26/01.

En fait, après discussion avec eux et en examinant les photos, le soir où nous avons perdu la tente, eux ont planté la leur en 2h au col où nous étions passés auparavant... Le monde est petit mais la montagne pendant la tempête est immense !

C'est évident !

Cette expérience nous a permis de comprendre que lorsque l'on est autonome, c'est à dire sans guide, sans plusieurs tentes, bref sans grosse logistique du type Terdav, on ne peut compter que sur soi ! C'est pas vraiment nouveau mais dans le parc Aconcagua, les guadaparque ne veulent pas, ne peuvent pas (?) vous sauver s'il n'y a pas un représentant d'une société connue qui s'occupe de vous...

Autre évidence : à partir, d'une certaine altitude, il ne faut pas prendre de risques inutiles comme de partir en pleine tempête, donc sans réelle visibilité, avec 30kg sur le dos vers un chemin qui n'existe pas. Les évidences ne sont plus les mêmes lorsque l'on est fatigué...

La soit-disant solidarité montagnarde en prend aussi un coup à cette altitude : Didier nous racontera qu'il a demandé à des gens du camp II de l'aider à redescendre son gros sac au camp de base, un femme a répondu "oui" mais contre 120$ ! On est bien peu de choses, même avec 8 doigts gelés dont certains au 2ème degré.

Pour ma part, j'ai eu une gelure au 1er dégré qui s'est rapidement arrangée.

La question qui me taraudait avant de partir a pris tout son sens en quelques secondes sur un coup de vent : faut-il emmener plusieurs tentes ? A l'Aconcagua, qui est redouté pour ces tempêtes, ça peut avoir du sens, oui. Même la meilleure des tentes peut être arrachée là-bas !

Les cartouches de gaz "Air libre" achetées chez El Refugio sont de la m.... Il doit y avoir moyen d'en trouver une autre marque du type Coleman, MSR ou Primus (cf le Web du réchaud). Ne pas prendre des briquets à gaz et encore moins à allumage piézo-électrique.

Merci

A Jean-Christophe, Florence, Pierre, Corinne & Alexis pour leur soutien matériel important !

A Bérangère et Saïd pour leur accueil.

A North Face pour ses tentes de compétition !

Aux Biomans pour leur aide précieuse !